Histoire du bâtiment
Histoire du bâtiment
1842 > 2022
Une histoire du Grand Théâtre de Genève
- Dans sa ville
- Dans son bâtiment
- Dans ses productions
- Dans l'histoire de la mise en scène
1850
Octobre 1886
Émeute de Saint-Gervais. Avènement de James Fazy au pouvoir.
1853
Destruction de la Porte Neuve.
1879
Achèvement du Grand Théâtre dessiné par Jaques-Élisée Goss.
1899
Adolphe Appia écrit La musique et la mise en scène. Une révolution théorique des éclairages et de la scénographie
1860
Genève a 60’000 habitants. Début d’une révolution industrielle locale.
1887
Inauguration du Casino-Théâtre.
1894
Inauguration du Victoria Hall.
1862
Premier tramway sur rail (à chevaux).
1883
Une nouvelle ère technique pour les scènes de théâtres et d’opéras : électricité, ateliers de peinture, machinerie hydraulique…
1874
Début des travaux du Grand Théâtre.
1842 > 1879
En 1842, la Ville de Genève devient une commune indépendante, avec un organe délibératif élu, le Conseil municipal, et le pouvoir exécutif aux mains du Conseil administratif. En octobre 1846, avènement de James Fazy au pouvoir après l’émeute de Saint-Gervais. Le premier acte de l’avènement de la Genève moderne rêvée par Fazy fut le démantèlement du réseau fortifié. Les terrains récupérés permirent la construction d’une ceinture urbaine allant de Rive aux Pâquis. En 1865, la réfection du vieux théâtre ayant été abandonnée, le Conseil administratif décida d’en édifier un autre dans les anciens fossés de Neuve, tout proche du Conservatoire. La grande Genève espérée par Fazy devint vite réalité. L’agglomération passa de 38’000 habitants en 1850, à 60’000 en 1870, à 131’000 en 1914. Dans ces années se développent les syndicats et se déroulent des conflits sociaux graves. La grève du bâtiment de 1868 valut une augmentation salariale de 10% et la journée de travail réduite de 12 à 11 heures. En 1902, un conflit impliquant les employés des trams fut soutenu par tous les syndicats et aboutit à la première grève générale dans une ville suisse. Dès les années 1870, des productions nouvelles apparaissent grâce à la collaboration d’hommes d’affaires à l’affût d’innovations, de savants et de techniciens. Des ateliers et de petites usines de mécanique, d’appareillage électrique, de produits chimiques, d’automobiles surgissent. Cet essor est favorisé par des moyens énergétiques intelligemment mis au service de l’industrie par l’administration municipale, particulièrement Théodore Turrettini, conseiller administratif de la Ville en 1882. En 1862, Genève fut l’une des premières villes d’Europe à adopter le tramway à chevaux roulant sur rail. La première ligne reliait la place de Neuve au Rondeau de Carouge ; c’est la plus ancienne ligne européenne de tramway et la quatrième plus ancienne mondialement ; elle est encore en activité.
1876 Bayreuth
Inauguration du Bayreuther Festspielhaus avec la création de la Tétralogie de Wagner. Parmi les nouveautés : un parterre en amphithéâtre ; une fosse d’orchestre qui s’enfonce sous la scène ; l’obscurcissement de la salle pendant les représentations.
1879 Ouverture du Grand Théâtre
Le 2 octobre 1879, la foule se presse pour Guillaume Tell mais surtout pour découvrir le Grand Théâtre. Bâti sur la « Grande Mer », d’anciens fossés de fortification, l’édifice signé Jacques-Elisée Goss place immédiatement l’opéra parmi les 10 meilleurs d’Europe. Marquée par une célèbre bataille entre amoureux et adversaires du théâtre, entre Voltaire et Rousseau, entre Conseil libéral et Consistoire conservateur, Genève signe enfin la trêve, avec une salle de 1300 places « à la française ». L’architecture de style Beaux-Arts s’inspire de l’Opéra Garnier ouvert quatre ans plus tôt. Malgré l’importante facture pour l’époque – 3.7 millions – la presse dira qu’« il est permis et même bienséant d’oublier les comptes pendant 24 heures ». Tout indique la volonté de lier l’opéra avec l’art du théâtre, qui tire ses origines dans la Grèce antique. Cela commence par les auteurs célèbres, dont les bustes habitaient les prestigieux espaces publics : Shakespeare, Voltaire, Racine, Sophocle et Plaute. Lyre, masques de théâtre, aulos (flûte double) rythment la façade et les intérieurs. À l’extérieur, on retrouve des masques au-dessus des fenêtres et sur la corniche, muses et inscriptions indiquent la parenté de la poésie lyrique avec la comédie et la tragédie. Dans les foyers, les lustres portent des masques, les fresques montrent des lyres et des aulos.
1879 Le Grand Théâtre de Genève
Le Conseil administratif de la Ville nomme le directeur du Théâtre et en assure le financement à travers des subventions votées par le Conseil municipal. La troupe est composée de 30 chanteurs et 34 comédiens. Les 11 danseurs du corps de ballet sont dirigés par le premier danseur et maître de ballet Charles Laffond et la première danseuse étoile Pia Scotti. Le public vote divisé en deux catégories (abonnés et habitués), pour qu’un artiste soit admis. Cette « coutume » se maintiendra jusqu’à la Première Guerre mondiale. Période d’émergence aussi de la critique musicale dans un contexte de savoirs et d’éducation. Dès 1877, on convertit l’éclairage au gaz par l’électricité, permettant d’obscurcir la salle. Le Grand Théâtre utilisait 2450 lampes (pour 6800 lampes à Genève en 1891) alimentés en courant électrique par un groupe accessoire de 200CV débité par des dynamos et l’eau à haute pression provenant des Forces motrices.
1879
Le 2 octobre, ouverture du Grand Théâtre de Genève avec Guillaume Tell de Gioachino Rossini – DM Francis Bergalonne ; MS Lorenzetti.
1880 Le tournant du siècle et les années de guerre (jusqu’en 1920)
Inauguration du Casino-Théâtre en 1887 puis du Victoria-Hall en 1894. Au début du XXème siècle, deux institutions vont devenir des foyers d’activité musicale : la Société de musique symphonique et la Société romande de spectacles. En 1913 le Théâtre de La Comédie est inauguré. Pendant la 1ère guerre mondiale, le Grand Théâtre ne ferme pas et donne le grand répertoire et a une troupe d’artistes de bonne qualité. Le Théâtre donnait du travail aux artistes et musiciens qui n’avaient d’autres ressources que la scène et les concerts. Mais à force de reprises et d’entendre les mêmes artistes, le public commença à se désintéresser. À la fin de la guerre devait s’achever l’une des grandes périodes de la vie du théâtre à Genève.
1892
Le 27 décembre, création mondiale en français de Werther de Jules Massenet – DM Francis Bergalonne ; MS Poinisse.
1883 Une nouvelle ère technique
Dès 1880, les acquis technologiques déjà présents dans l’industrie, font leur apparition dans les salles d’opéras. En 1883, l’Opéra de Paris passe du gaz à l’électricité, rapidement imité par les grands théâtres européens. En parallèle, les premiers ateliers de peinture spécialisés en décors de théâtre font leur apparition dans les capitales. De la machinerie de scène activée hydrauliquement émerge, celle-ci permet de déplacer sans bruit de lourdes charges pendant le spectacle. Une nouvelle ère de possibilités scénographiques est en marche.
1899 Adolphe Appia écrit La musique et la mise en scène
Par cet ouvrage Adolphe Appia amorce une révolution théorique concernant les lumières et les décors. On libère la scène des toiles peintes qui servaient de décor, on y place des objets réels avec lesquels les chanteurs peuvent interagir et l’éclairage devient une partie intégrante de la mise en scène – il crée des ambiances et ne sert plus uniquement à « allumer et éteindre » la salle. Ces théories seront appliquées concrètement par Gustav Mahler et Alfred Roller dans leur Tristan und Isolde de 1903.
1900
1904
Giacomo Puccini avec son opéra Madama Butterfly et par Fédor Chaliapine dans son interprétation de Boris Godounov (1908), on entre l’ère des chanteurs-acteurs.
1938
Otello de Verdi pour la première fois en Suisse romande. Edmondo de Vecchi (DM), Louis Molina (MS). Unévènement artistique.
1913
Inauguration de la Comédie de Genève.
1920
Création d’une compagnie de danse au Grand Théâtre.
1942
Willy et Delly Flay nommés maîtres de ballet. Premier essor de la chorégraphie.
1948
Le Festin de l’Araignée, chorégraphie de Willy et Delly Flay.
1914/1918
Le Grand Théâtre donne le grand répertoire avec une troupe, mais le public finit par se désintéresser.
1927/1931
L’opéra Kroll à Berlin fait apparaître les premiers décors abstraits. Le public se focalise sur le drame.
1948
Boris Godounov de Moussorgski. Ernest Ansermet (DM), Jean Mercier (MS).
29 décembre 1915
Les Ballets russes de Diaghilev à Genève. Ernest Ansermet (DM). Création mondiale de Soleil de Nuit de Léonide Massine. L’Oiseau de feu est dirigé par Stravinski
1943
Fondation de la Société romande des spectacles. Le public revient avec du répertoire français.
1918
Fondation de l’Orchestre de la Suisse Romande.
1927
Troupe et orchestre congédiés. Découverte d’artistes étrangers célèbres.
1945
Beaucoup d’opéras sont détruits. Période de reconstruction. De nouveaux métiers émergent : consultant technique et éclairagiste.
1904 Puccini et Chaliapine. Les premiers chanteurs-acteurs
Giacomo Puccini compose des opéras qui sont intrinsèquement théâtraux, avec sa Madama Butterfly de La Scala, il donne un nouvel élan à la mise en scène en insérant des notions de jeu d’acteur pour les chanteurs. Pour Puccini l’action ne doit pas uniquement être chantée mais également incarnée par le chanteur. Ce ne sera qu’en 1908 avec Fédor Chaliapine et son interprétation de Boris dans Boris Godounov, que l’on rencontrera le premier chanteur d’opéra qui est également acteur.
1927 > 1955
En 1927, la troupe et l’orchestre du Grand Théâtre sont congédiés, ce qui marque la fin d’un ensemble permanent à Genève. Les tournées des troupes allemandes, autrichiennes et italiennes permettent au public genevois d’entendre quelques voix parmi les meilleures de l’époque. En 1943, la société romande des spectacles (SRS) est fondée pour s’attaquer de front à la réforme de la scène de Neuve. Un comité artistique parvient à mettre sur pied, jusqu’à la guerre, cinq saisons lyriques. Le bilan de la SRS est plutôt positif, puisque le public reprend le chemin du théâtre. Au lendemain du conflit, l’accent est mis sur le répertoire français.
Le 1er mai 1951, lors de la préparation d’un tableau du troisième acte de La Walkyrie, un violent incendie éclata, détruisant la scène et toute sa machinerie, les installations mécaniques et électriques, cintres, grils, passerelles. Le rideau de fer s’effondra et le sinistre gagna la salle – du parterre à la troisième galerie –, la grande peinture décorative du plafond et toutes celles des médaillons et des cartouches du plafond d’avant-scène. Il restera, de la partie non-sinistrée du théâtre, le foyer, l’avant-foyer, l’entrée principale ainsi que les façades jusqu’au bâtiment de scène compris. Le théâtre dût fermer ses portes pour une décennie entière. Dès 1952 et jusqu’en 1962, la SRS organise les saisons lyriques au Grand Casino suite à l’incendie du bâtiment en 1951. En 1955, les autorités municipales décident de créer une fondation de droit public chargée de l’exploitation du Grand Théâtre.
1915
Le 20 décembre, les Ballets russes de Diaghilev viennent pour la première fois à Genève. Ernest Ansermet (DM). Au programme il y a, entre autres, des chorégraphies de Michel Fokine sur des musiques de Schumann et Borodine ; une création mondiale du chorégraphe Léonide Massine (Soleil de Nuit) sur une musique de Rimski-Korsakov et L’Oiseau de feu d’Igor Stravinski dirigé par le compositeur.
1918
Fondation de l’Orchestre de la Suisse Romande
1927 L’opéra Kroll (jusqu’en 1931)
L’opéra Kroll à Berlin devient un opéra d’expérimentation entre les deux guerres. Les premiers décors abstraits apparaissent – ayant pour but d’obliger le public à se focaliser sur le drame.
1938
Otello de Giuseppe Verdi – DM Edmondo de Vecchi ; MS Louis Molina. L’œuvre est présentée pour la première fois en Suisse romande.
1945 Une nouvelle ère technique
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 60 théâtres sont notablement démolis. Une ère de reconstruction et de mise à jour technologique permettra à deux métiers d’émerger : consultant technique et éclairagiste.
1948
Boris Godounov de Modeste Moussorgski – DM Ernest Ansermet ; MS Jean Mercier.
1950
1951
Bayreuth, un théâtre d’expérimentation et le début du Regietheater: Wieland Wagner (Parsifal, Ring) et Rudolf Hartmann (Die Meistersinger von Nümberg).
1962
Fondation du Chœur et du Ballet du Grand Théâtre.
1965
Le Mandarin merveilleux, chorégraphie Serge Golovine.
1969/1978
Le ballet du Grand Théâtre interprète le répertoire balanchinien.
1977
Le Ring de Wagner (2 cycles) Ehrling Sixten (DM), Jean-Claude Riber (MS).
1983
Apparition des surtitres à l’opéra.
1987
Création de La Forêt de Rolf Liebermann.
1997
Orphées aux enfers d’Offenbach, Marc Minkowski (DM), Laurent Pelly (MS).
1er mai 1951
Un incendie se déclare pendant une répétition de Die Walküre. La scène et la salle sont entièrement détruites.
1962
Réouverture du Grand Théâtre avec Don Carlos de Verdi. Christian Vöchting (DM), Marcel Lamy (MS).
1967
Création française de La Tempête de Frank Martin. Ernest Ansermet (DM) ; Lofti Mansouri (MS).
1973
Création du Festival de la Bâtie et de l’AMR. Une forme de culture alternative progresse.
1981
Rhapsodie, musique de Sergueï Rachmaninov – Chorégraphie, Oscar Araiz.
1985
Création de Le Retour de Casanova de Girolamo Arrigo.
1997/1998
Pendant une saison, le Grand Théâtre est au BFM. D’importants travaux techniques et technologiques.
1952/1962
Les saisons lyriques ont lieu au Grand Casino.
1962
Le Grand Théâtre a la plus grande ouverture de scène d’Europe.
1965
Die Zauberflöte, Ernest Ansermet (DM), Herbert Graf (MS).
1968
Un nouveau « style baroque » émerge avec J.-P. Ponnelle qui met en scène Il barbiere di Siviglia au Festival de Salzbourg.
1980
Don Giovanni de Mozart marque les esprits dans une mise en scène de Maurice Béjart avec Ruggero Raimondi.
1984
Un ballo in maschera de Verdi avec Luciano Pavarotti.
1991
Axioma 7 – Chorégraphie Ohad Naharin.
1955/1957
Luchino Visconti et Maria Callas à La Scala. Une nouvelle intensité dramatique dans le jeu.
1963
Tristan und Isolde de Richard Wagner, Alberton Erede (DM), Wieland Wagner (MS).
1966
Création mondiale de La Mère coupable de Darius Milhaud. Serge Baudo (DM) ; Luis Ducreux (MS).
1976
Le Ring de Patrice Chéreau et Pierre Boulez à Bayreuth. Une mise en contexte politique, économique et sociale.
1983
Mathis der Mahler, musique de Paul Hindemith – Chorégraphie, Oscar Araiz.
1989
Tabula rasa – Chorégraphie Ohad Naharin.
1961
La collectivité reprend les rênes. L’accès à la culture se démocratise.
1963
Tu auras comme nom Tristan, musique de Jef Maes – Chorégraphie Janine Charrat
1967
Herbert Graf créé le Centre Lyrique international.
1971
Eugène Onéguine de Tchaïkosvski Armin Jordan (DM), George Balanchine (MS).
1984
Les Sept Péchés capitaux – Chorégraphie, Oscar Araiz.
Dès 1992
La Ville de Genève favorise l’accès à la culture aux jeunes publics.
1951 Incendie et nouveau théâtre (jusqu’en 1962)
Le 1er mai 1951, le Grand Théâtre est en feu. À 12h08, en répétition de Die Walküre de Wagner, une bombonne d’oxygène comprimé fait s’embraser le plateau et la cage de scène. Le rideau de fer tient 20 minutes, l’incendie se répand dans tout le bâtiment. Seuls la façade, les foyers et la bibliothèque sont sauvés du désastre. Faut-il reconstruire le théâtre ? La Ville de Genève répond oui, avec un projet de 14 millions auquel la population répond non, via un référendum en 1953. Un incendie et un premier refus : le Grand Théâtre est mal en point. Charles Schopfer et Marco Zavelani-Rossi (qui concevra le Teatro Regio Turin) propose une salle au design moderne dans un bâtiment qui garde ses foyers et sa façade. Devis : 11.6 millions de francs. En 1962, l’édifice rouvert fait dialoguer deux époques, deux langages : beaux-arts et années soixante. Surtout, le théâtre compte des capacités techniques de premier plan, son ouverture de scène faisant 17.6 mètres de large contre 15.6 à Garnier et 13 au Staatsoper de Vienne. Particularité parmi les opéras du monde, le Grand Théâtre compte un plafond et rideau de fer d’un seul tenant. La salle de spectacles est recouverte d’une voie lactée se prolongeant jusqu’au fameux rideau pare-feu. Baptisée Alto, cette œuvre a été conçue par Jacek Stryjenski, prévoyant 1200 ouvertures lumineuses et 252 plaques d’aluminium rehaussées d’or et d’argent pour une surface 520m. La voûte céleste coiffe la salle faite de palissandre et comptant environ 1500 places.
1951 Bayreuth, un théâtre d’expérimentation et les débuts du Regietheater
Wieland Wagner : Parsifal (1951), Ring (1951) ; Rudolf Hartmann : Die Meistersinger von Nürnberg (1951).
1955 Une nouvelle intensité dramatique dans le jeu
Luchino Visconti et Maria Callas à La Scala.
1955 > 1960
Le relais pris par les pouvoirs publics au début du XXème siècle s’appuie donc sur une tradition relativement récente, mais extrêmement forte. Toutefois, on constate que pendant plus d’un demi-siècle, l’accès à la culture et l’intérêt qu’on manifeste à son égard restent pour l’essentiel le fait des élites. Les classes dominantes affirment leur différence au travers de symboles institutionnels tels l’opéra, le théâtre ou le musée. Leur fréquentation est perçue comme un signe distinctif de l’appartenance à l’élite de la société.
1961 > 1970
Premiers efforts de réelle démocratisation de la culture, « l’ancien ordre culturel » se voit ébranlé. Plusieurs facteurs contribuent à la remise en question des valeurs culturelles traditionnelles : le débat sur l’accès démocratique à la culture est alimenté par la dynamique de la consommation ; le développement de l’information et des médias ; l’accès facilité des élèves et des étudiants aux spectacles et aux concerts ; succès des écoles d’art et mise en place d’une maturité artistique.
Les années 1960 marquent un tournant dans l’implication des collectivités publiques dans le domaine culturel. L’effort mis par la Ville de Genève concerne autant la mise en valeur de l’héritage patrimonial qui lui a été confié que le développement de nouvelles formes de culture et la démocratisation de leur accès. La création de la Maison des jeunes et de la culture de Saint-Gervais, des Centres de loisirs et Maisons de quartier, des Bibliothèques municipales permet d’irriguer le territoire urbain. En 1965-1966, deux grands axes de politiques culturelles novatrices émergent au sein de l’institution genevoise : la formation des exécutants mais celle aussi du public et la démocratisation, le fait d’offrir des productions pour rapprocher l’opéra des gens. Invitations au public gratuites, dans le cadre de démonstration du travail de mise en scène, sur le jeu théâtral et la technique Invitations aux répétitions générales à l’attention des étudiants et des écoles en vue de former le public de demain. En 1967, Herbert Graf crée au sein du Grand Théâtre, une école de jeunes chanteurs, le Centre lyrique international, qu’il recrute notamment aux États-Unis.
1962
Marcel Lamy, Directeur général.
1962
Fondation du Chœur du Grand Théâtre (DM Giovanni Bria) et fondation du Ballet du Grand Théâtre – nouvelle directrice Janine Charrat.
Réouverture du Grand Théâtre avec Don Carlos de Giuseppe Verdi – DM Christian Vöchting ; MS Marcel Lamy
1963
Tristan und Isolde de Richard Wagner – DM Alberto Erede ; MS Wieland Wagner.
1964
Serge Golovine, Directeur du ballet.
1965
DG Herbert Graf
1965
Die Zauberflöte de Wolfgang Amadeus Mozart – DM Ernest Ansermet ; MS Herbert Graf ; décors et costumes d’Oskar Kokoschka
1965
Die Zauberflöte de Wolfgang Amadeus Mozart – DM Ernest Ansermet ; MS Herbert Graf ; décors et costumes d’Oskar Kokoschka.
1966
Création mondiale de La Mère coupable de Darius Milhaud – DM Serge Baudo ; MS Louis Ducreux.
1967
Création en français de La Tempête de Frank Martin – DM Ernest Ansermet ; MS Lotfi Mansouri.
1968 Un nouveau « style baroque » émerge
Jean-Pierre Ponnelle Il barbiere di Siviglia (Salzburger Festspiele).
1969
George Balanchine, Conseiller artistique du ballet.
1970 > 1990
Dès le début des années 70, on voit l’émergence de la culture des jeunes générations et la naissance de nombreuses associations dans divers champs d’expression artistique : Festival de la Bâtie, l’AMR, Le New Morning, Le Moulin à Danse (MAD), l’École du Grütli comme des centres de création. L’engagement des jeunes pour une autre forme de culture nait de la rencontre entre des contestataires pour un centre autonome et des marginaux de la contre-culture. De nouveaux types d’espaces culturels urbains prennent naissance dans des bâtiments industriels désaffectés. Des squats culturels surgissent dans des bâtiments privés laissés vides par des propriétaires saisis par la fièvre de la spéculation. Ces nouvelles pratiques entraînent des revendications qui obligent les collectivités publiques à apporter des réponses nouvelles en termes de locaux et de subventions. Dans le cadre du programme financier de 1980-1983 puis celui de 1982-1985, le Grand Théâtre de Genève va bénéficier du soutien du Conseil administratif et entre dans la définition des principaux axes de sa politique culturelle : la continuation des productions de haut niveau.
1971
Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaïkovski – DM Armin Jordan ; MS George Balanchine.
1973
DG Jean-Claude Riber.
1976 Chéreau/Boulez
À Bayreuth, Patrice Chéreau et Der Ring des Nibelungen. Patrice Chéreau et Pierre Boulez transcendent la Tétralogie de Wagner en mettent l’accent non seulement sur la psychologie des personnages mais aussi sur le contexte politique, économique et social.
1977
En mai, deux cycles du Ring des Nibelungen de Richard Wagner – DM Ehrling Sixten ; MS Jean-Claude Riber ; décors Joseph Svoboda
1978
Peter van Dyk, Directeur du ballet.
1980
DG Hugues Gall.
1980
Oscar Araiz Directeur de la danse.
1980
Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart – DM Horst Stein ; MS Maurice Béjart ; avec Ruggero Raimondi. Comme premier opéra de sa direction du Grand Théâtre, Hugues Gall présente un Don Giovanni qui marque les esprits.
1983 Les premiers surtitres à l’opéra
Vidéo projection sur écran ou autour du cadre de scène ou encore un élément de décor
1984
Un ballo in maschera de Giuseppe Verdi – DM Riccardo Chailly ; MS Jean-Marie Simon ; avec Luciano Pavarotti.
1985
Création de Le Retour de Casanova de Girolamo Arrigo – DM Reynald Giovaninetti ; MS Jorge Lavelli.
1987
Création de La Forêt de Rolf Liebermann – DM Jeffrey Tate ; MS Gilbert Deflo.
1988
Gradimir Pankov, Directeur de la danse.
Les années 90
Sous l’ère Renée Auphan, le Grand Théâtre déménage pour présenter ses spectacles au Bâtiment des Forces Motrices (BFM). En 1997-1998, le bâtiment de Neuve ferme pour d’importants travaux techniques, permettant d’agrandir et automatiser la fosse d’orchestre, d’agrandir les dégagements (les coulisses à jardin et à cour), d’informatiser les commandes dans la cage de scène et de passer à l’hydraulique, bien plus silencieuse. On passe de 250 circuits électriques à 500. Le public voit aussi la rénovation, avec la moquette retirée dans la salle et l’atrium ainsi que des panneaux acoustiques en bois à l’arrière des sièges. Coût des travaux : 20 millions de francs.
1995
DG Renée Auphan.
1996
Giorgio Mancini (directeur artistique) et François Passard (administrateur), co-directeurs de la danse.
1997
Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach – DM Marc Minkowski ; MS Laurent Pelly.
1990 > 2010
Avec le début des années 1990, malgré l’entrée dans la récession, le Grand Théâtre continue à être soutenu financièrement par les pouvoirs publics afin de pouvoir exercer avec le même succès. Dès 1995, cette crise s’accentue. Dans ce contexte, le premier objectif du département des affaires culturelles (DAC/1991) a consisté à garantir la stabilité financière des institutions culturelles existantes et à passer avec les associations subventionnées un accord prévoyant une diminution de 5% sur les subventions mais une garantie de 4 ans à ce niveau. Dès 1992, favoriser l’accès à la culture, destiné prioritairement aux jeunes publics, aux personnes âgées ainsi qu’aux personnes menacées d’exclusion. Ces mesures ont permis d’ouvrir plus largement, aux écoles genevoises notamment, l’accès aux institutions telles que le Grand Théâtre. En 2001, création de la carte 20 ans / 20 francs.
2000
2000
Création de Beatrix Cenci d’Alberto Ginastrera Gisèle Ben-Dor (DM), Francisco Negrin (MS).
2007
1ère retransmission en direct dans plusieurs cinémas en Europe depuis le Met de The First Emperor de Tan Dun.
2017
La Trilogie de Figaro à l’Opéra des Nations.
2019
Einstein on the Beach de Philip Glass, première Suisse. DM Titus Engel – MS Daniele Finzi Pasca.
2021
Huit Minutes, création suisse imaginée en équipe par le collectif OperaLab.ch.
2022
Ukiyo-e, création mondiale – Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui.
2001
Création de la carte 20 ans/20 francs.
2005
Loin, création mondiale – Chorégraphie, Sidi Larbi Cherkaoui.
2014
2 cycles du Ring de Wagner. Ingo Metzmacher (DM), Dieter Dorn (MS), Jürgen Rose (D).
2019
Adoption de l’initiative « pour une politique culturelle cohérente à Genève ».
Mars 2020
Crise pandémique du COVID-19
Février 2022
Les mesures anti-covid sont levées
2022
Sleepless de Peter Eötvös, création mondiale, co-commandée avec le Staatsoper Berlin.
2001
A Midsummer Night’s Dream, création mondiale – Chorégraphie, Amanda Miller.
2006
Coppélia, création mondiale – Chorégraphie Cisco Aznar.
2015
Tristan & Isolde (Salue pour moi le monde !), création mondiale – Chorégraphie Joëlle Bouvier.
12 février 2019
Soirée de réouverture avec Das Rheingold de Wagner.
2021
Guerre et Paix de Sergeï Prokofiev, donné pour la première fois en Suisse.
2022
Turandot de Giacomo Puccini dans la version avec le finale composé par Luciano Berio. MS Daniel Kramer.
2004
Selon désir, création mondiale – Chorégraphie, Andonis Foniadakis.
2005
Casse-Noisette, création mondiale – Chorégraphie, Benjamin Millepied.
2015/2018
Pendant trois saisons, le Grand Théâtre est à l’Opéra des Nations. Un théâtre éphémère situé sur la Plaine Rigot.
2019
Fin des travaux du Bâtiment de Neuve. Nouvelles salles et mise aux normes.
2021
Anna Bolena de Gaetano Donizetti, 1ère fois au Grand Théâtre de Genève. DM Stefano Montanari ; MS Mariame Clément.
2005
Tristan und Isolde de Wagner, Armin Jordan (DM), Olivier Py (MS).
2012
Création de JJR (Citoyen de Genève) de Philippe Fénelon, Jean Deroyer (DM), Robert Carsen (MS).
19 décembre 2015
Suite à une manifestation qui dégénère, la façade du Grand Théâtre subit des dommages irréversibles.
2020
L’Affaire Makropoulos de Leoš Janáček, 1ère fois au Grand Théâtre de Genève.
2022
Atys de Jean-Baptiste Lully – MS Angelin Preljocaj.
2000
Création de Beatrix Cenci d’Alberto Ginastrera – DM Gisèle Ben-Dor ; MS Francisco Negri.
2001
DG Jean-Marie Blanchard.
2003
Philippe Cohen, Directeur du ballet.
2005
Tristan und Isolde de Richard Wagner – DM Armin Jordan ; MS Olivier Py
2007 L’opéra en direct
Première émission diffusée en direct depuis le Metropolitan Opera dans différents cinémas d’Europe – l’œuvre : The First Emperor de Tan Dun.
2008
Trilogie du diable, MS Olivier Py. Der Freischütz de Carl Maria von Weber – DM John Nelson. La Damnation de Faust d’Hector Berlioz – DM John Nelson. Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach – DM Patrick Davin.
2009
DG Tobias Richter.
2010 > 2019
Le 16 mai 2013, la Loi-cadre sur la culture a pour objet de définir le rôle et les tâches du canton en matière de politique culturelle. En octobre, première convention de subventionnement signée entre la Ville, l’État et la Fondation du Grand Théâtre. Le 19 décembre 2015, un rassemblement non autorisé pour protester contre les coupes dans la culture a dégénéré dans la nuit de samedi à dimanche, faisant des dégâts matériels. Le Grand Théâtre a été l’objet de tags et de jets de peinture. Entrée en vigueur le 1er janvier 2017de la Loi sur la répartition des tâches (LRT) entre les communes et le canton en matière de culture. Le 12 juin, une étude de la Haute École de gestion révèle que les activités créatives et culturelles génèrent 4,5 milliards de francs, soit 9,5% du produit intérieur brut du canton. En mai 2019, l’initiative « pour une politique culturelle cohérente à Genève », propose de refonder la politique culturelle cantonale, notamment autour de trois idées : le soutien à la création, le co-financement des institutions et la concertation entre pouvoirs publics. Il s’agissait d’inscrire dans la Constitution, le principe d’un dialogue entre les collectivités publiques et celui du cofinancement.
2012
Création de JJR (Citoyen de Genève) de Philippe Fénelon dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau – DM Jean Deroyer ; MS Robert Carsen.
2014
Deux cycles du Ring des Nibelungen de Richard Wagner – DM Ingo Metzmacher ; MS Dieter Dorn ; D&C Jürgen Rose.
2015
Tryptique de Médée (jusqu’en 2019). Medea de Luigi Cherubini – DM Marko Letonja ; MS Christof Loy. Il Giasone de Francesco Cavalli – DM Leonardo García Alarcón – MS Serena Sinigaglia. Médée de Marc-Antoine Charpentier – DM Leonardo García Alarcón – MS David McVicar.
2017
La Trilogie de Figaro. Il Barbiere di Siviglia de Gioachino Rossini – DM Jonathan Nott (OSR) ; MS Sam Brown. Le Nozze di Figaro de Wolfgang Mozart – DM Marko Letonja ; MS Tobias Richter. Figaro Gets a Divorce d’Elena Langer – DM Justin Brown ; MS David Pountney.
2019
Reprise du Ring complet (DM Georg Fritzsch) pour l’inauguration du Grand Théâtre de Genève rénové après trois ans de fermeture, la reprise du Ring marque aussi la dernière saison de Tobias Richter à la tête de cette institution.
2019
DG Aviel Cahn.
2019
Einstein on the beach de Philip Glass, première Suisse. DM Titus Engel – MS Daniele Finzi Pasca.
2019 Année de la réouverture
Après trois années de travaux, le Grand Théâtre de Genève retrouve son bâtiment transformé, agrandi, restauré et adapté aux besoins d’une maison d’opéra du XXIème siècle. Espaces publics contemporains, 1000 m2 supplémentaires, foyers restaurés et marbres retrouvés, espaces de travail repensés, la rénovation financée par la Ville de Genève a permis de donner une nouvelle identité. L’édifice est inauguré le 12 février 2019 avec Das Rheingold de Wagner, dans la production du Ring des Nibelungen signée Dieter Dorn et Jürgen Rose. La rénovation répond à trois objectifs : patrimonial, fonctionnel et sécuritaire. Les façades et les espaces d’accueil comportaient en effet des éléments décoratifs dégradés – nécessitant une importante restauration – les espaces de travail et ceux pour les répétitions artistiques devaient être adaptés et agrandis, tandis que de nombreuses zones exigeaient une remise aux normes de sécurité. Menée par la Ville de Genève, la rénovation a été effectuée par les architectes François Dulon (bureau March) et Danilo Ceccarini (Linea) et la société Beric (direction). Le chantier a nécessité l’intervention de nombreux métiers d’art impliqués : brodeurs, stucateurs, doreurs, peintres, sculpteurs, tailleurs de pierre, notamment pour retrouver et restaurer des motifs quasiment détruits.
2021
Guerre et Paix de Sergeï Prokofiev, donné pour la première fois en Suisse.
2021
Anna Bolena de Gaetano Donizetti, 1ère fois au Grand Théâtre de Genève. DM Stefano Montanari ; MS Mariame Clément.
2022
Atys de Jean-Baptiste Lully – MS Angelin Preljocaj.
2022
Sleepless de Peter Eötvös, création mondiale, co-commandée avec le Staatsoper Berlin. Nommée par Opernwelt « Meilleure création » de la saison 2021/22.
2022
Turandot de Giacomo Puccini dans la version avec le finale composé par Luciano Berio. MS Daniel Kramer – immense dispositif sensoriel d’images, vidéos, lasers et lumières du collectif japonais teamLab.
Turandot sous les étoiles, projection de l’opéra au Parc des Eaux-Vives, sur grand écran.
2022
Sidi Larbi Cherkaoui, Directeur du ballet.